Histoire de la commune
Trois villages du cortenais et l’occupation de l’espace du Moyen-age à nos jour : Altiani, Erbajolo, Focicchia.
Les trois faisant partie de la Pieve di Rogna :
- Pieve : ancienne division administrative de l’époque Génoise, correspondant à peu près à un canton.
- Rogna : ce nom viendrait soit de l’ancien nom du Tavignano, le Rothanos ; soit d’un vieux mot italien, » rugna « , terre ingrate, pauvre.
- La pieve di Rogna comportait 12 villages : Erbajolo, Focicchia, Altiani, Piedicorte di Caggio, Pietraserena, Giuncaggio et Pancheraccia formait la » pieve di quà del fiume « , alors que Vivario, Muracciole, Rospigliani, Noceta et Antisanti formait la » pieve di là del fiume « .
Évolution des sites
Pour les trois villages, les sites les plus anciens se trouvent à mi-pente entre le fond des vallées et l’actuel site : la tradition orale donne l’ordre chronologique suivant :
- Cherbinaghiola…A Casella…Erbajolo.
- A Lamela…L’aghia al Poggio (église San Salvador)…Focicchia.
- U Petraggio…Altiani.
- Pour le cas d’Erbajolo Cherbinaghiola est situé sur une colline d’environ 50mètres d’altitude, A Casella est à 600mètres d’altitude, à peu près à égale distance de Cherbinagiola et Erbajolo, qui est à 750mètres d’altitude.
A mi-chemin entre Casella et Erbajolo se trouve l’èglise San Martino.
Des témoignages écrits mentionne les villages :
- En 1583, on trouve [dans un écrit de Mgr Giustiniani, évêque en visite dans la région] mention de : » Herbaggiolo, la valle di Sela (Casella), la Fosigia, la Mela, Altiani « .
- Les registres des tailles (impôts) de 1537 donnent » 33 feux à Herbaggiolo, 29 à Casella, 22 à Fosigia, 10 à la Lamella, 76 à Altiani, 20 à Pietraggio « .[un feu : 3 à 4 habitants par famille]
- En 1589, un autre évêque en visite, Mgr Mascardi, mentionne » Erbajolo, A Casella, l’église San Martino, qui est à l’époque l’église paroissiale d’Erbajolo « .
Cela semble prouver qu’on ne parle plus de Cherbinaghiola au 16èle siècle, alors que Casella et Erbajolo coexistent.
La datation est difficile :
- Pour Cherbinaghiola, il faudrait faire des fouilles archéologiques. L’église San Martinu a été datée du 11ème siècle, et l’église actuelle du village (Santa Maria ou Santa Croce ?) du 16ème siècle, époque où un couvent franciscain était tout proche. On peut reconstituer ainsi l’histoire de ces villages : d’abord, des constructions contrôlant la basse vallée des affluents du Tavignano, pour utiliser les terres les plus fertiles ; ces premiers sites ont coexisté avec les villages de la mi-pente, et sont suivis puis remplacés à partir du 16ème siècle par les villages actuels.
- Fait important au début du 16ème siècle : la poussée des Barbaresques : la tradition orale et la toponymie donnent des indications parallèles pour les trois villages.
- à Erbajolo, le lieu-dit » Morte di u Moru » serait le lieu de bataille ou le chef maure (barbaresque) a péri.
- à Focicchia, une bataille terrible aurait opposé les gens de l’aghia al Poggio (ou aghia a u Poggiu) aux maures qui remontaient la vallée en direction du Bozio : on dit que » le ruisseau coulait rouge sang « . à Altiani, les villages auraient écrasé les maures sur la » Piazza Moraccia « , au pied d’un petit fort.
Ce danger constant au 16ème siècle expliquerait le choix de sites défensifs. L’autre avantage dans le fait que les villages » montent » est qu’ils se rapprochent des » terres hautes » (800 à 900 mètres d’altitude), propices à la plantation de châtaigniers, dont Gènes encourage la production.
Les hommes et l’espace
Au milieu du 19ème siècle, la densité humaine est faible : 16,5 habitant au km² : mais c’est dans un conteste générale de guerre, de famines et d’épidémies.
Par contre, le 18ème siècle est meilleur et a une densité de 23 habitants au km², (une des plus fortes de le Corse à l’époque), avec, pour le total des trois villages, 933 habitants. Au 19ème siècle, on passe au total à 1192 habitants.
D’où la nécessité d’utiliser le mieux possible les terres médiocres.
La fin du 18ème siècle est connue grâce au » plan terrier « , description précise des communes de Corse : on y apprend pour Erbajolo que les cultures représentent 80% de la superficie, et que 5% des terres sont dites » incultes mais utilisée pour le pâturage « . La majorité des terrasses date de cette époque.
Le détail des cultures montre que 95% étaient constituées par des céréales (blé, orge,…) : à l’époque, les méthodes archaïques, le manque primure, les sols pauvres, nécessitaient beaucoup d’espace. Les 5%restant étaient l’olivier, la vigne, les châtaigniers…
On pratiquait l’assolement triennal dans les zones les plus fertiles, et ailleurs, la culture sur brûlés.
A Focicchia, on a des témoignages écrits (actes de notaire) datant de 1756 : la population décide la création d’un circolo dans lequel chaque chef de famille s’engage à planter 100 pieds de châtaignier sur 10 ans. Ceci devient la culture dominante au 19ème siècle. Mais, par ce choix, on rejette les bergers (les chevriers) hors de ce circolo : ce qui entraîne des relations souvent tendues entre berger et agriculteurs.
La lutte, ancienne, est accentuée par le manque de place. C’est ce qui explique le conflit acharné, sur près de deux siècles, entre les communes d’Altiani et Focicchia, pour s’approprier le bois de Caggio, ou Cereo : le procès de 1858 le donne finalement à Focicchia .
Évolution démographique des trois villages
La catégorie des moins de 20 ans représentait à peu près 45% du total en 1769 et en 1846 (période de forte natalité).
En 1906, elle n’est plus que de 31% : on trouve souvent des » familles complexes « . Dans la même maison, vivent des parents, un jeune couple ayant moins d’enfants, et les frères et sœurs célibataires de celui (ou celle) qui est marié. Beaucoup d’hommes jeunes, n’ayant pas de terres, deviennent salariés agricoles, y compris en plaine orientale pour les moissons.
En 1926, les moins de 20 ans représente 28%, et le nombre de célibataires augmente : c’est l’époque de l’émigration vers Toulon, Marseille, ou les colonies.